Depuis bien longtemps, le majeur, aussi appelé « doigt d’honneur », est synonyme d’insulte. Mais pourquoi cette signification et pourquoi ce doigt en particulier ? Je vous propose de remonter à l’origine de ce geste pour le moins offensif et offensant.
Qu’est-ce que le doigt d’honneur ?
Comme vous le savez toutes et tous, faire un doigt d’honneur consiste à tendre le majeur à la verticale, face dudit doigt vers la personne à qui ce geste est destiné, tandis que les autres sont repliés en un poing. Dans notre ère moderne, il signifie généralement « Va te faire f*** ».
Le fameux majeur a donc pour but principal d’insulter, d’exprimer du dédain, de la colère. Il est aussi utilisé comme symbole de protestation, de désapprobation et de défi.
Quel est l’origine du doigt d’honneur ?
Le doigt d’honneur est l’un des gestes orduriers les plus anciens connus de par le monde. Son origine exacte est assez floue, mais il semblerait qu’elle remonte à plusieurs milliers d’années.
On le trouvait dans certaines pièces de la Grèce Antique, où ce « katapygon » avait pour but d’insulter quelqu’un puisque ce mot se traduisait en gros par le fait de « recevoir une pénétration anale ». De plus, il faisait alors explicitement référence aux organes génitaux masculins, le doigt levé représentant le phallus. Charmant, vous en conviendrez !
Le tout premier doigt d’honneur (public en tout cas) aurait eu lieu en Grèce, en 423 avant J-C, dans la comédie « Nuées » d’Aristophane, où il fut utilisé par l’un des personnages pour représenter son phallus dans un but humoristique.
Le doigt d’honneur existait également dans la Rome Antique où il était appelé « digitus impudicus » signifiant « doigt impudique », marquant ainsi son caractère indécent.
On raconte aussi que ce geste serait né durant la première fois à la bataille d’Agincourt en 1415, durant la Guerre de Cent Ans. Les soldats français avaient alors pris l’habitude de capturer les archers britanniques et de leur couper l’index ainsi que le majeur afin de les empêcher de tirer des flèches. Les soldats anglais se seraient alors mis à agiter leurs doigts, notamment le majeur, devant les français, afin de les narguer.
Au fil du temps, il semblerait que le doigt d’honneur et son aura offensive aient traversé de nombreuses frontières.
Au Moyen-Âge, le geste existe mais est très peu utilisé en raison de son caractère suggestif plaisant très peu à l’Église.
C’est donc plusieurs siècles plus tard, aux États-Unis, qu’il réapparaît avec l’arrivée de immigrants italiens.
La première trace visuelle sur laquelle on peut observer ce geste est une photo de l’équipe de baseball des Beaneaters de Boston prise en 1886. Dessus, on aperçoit Charles « Old Hoss » Radbourn en train de faire un doigt d’honneur pour exprimer son sentiment face à l’équipe rivale, les Giants de New York.
Aujourd’hui, le majeur fait partie du langage universel. C’est un geste que l’on peut voir sur certaines représentations, dans des manifestations publiques, au cinéma, sur les photos de stars, dans le domaine de l’art, ou même dans la vie quotidienne. Par exemple, si vous insultez le conducteur qui vient de vous dépasser et qu’il prend mal la chose, il se pourrait que ce dernier vous envoie ce petit geste en guise de réponse !
Le majeur est aussi un geste courant permettant d’exprimer son mécontentement contre une institution, un gouvernement et des décisions politiques.
Sachez aussi que, depuis 2014, le doigt d’honneur a même sa propre émoji.
Qu’en est-il du doigt d’honneur à travers le monde et les différentes cultures ?
Le doigt d’honneur est pour ainsi dire connu et utilisé partout dans le monde, principalement dans les pays occidentaux. Bien que le majeur dressé soit la forme la plus courante et évidente, il existe tout d’autres versions.
En Italie par exemple, il consiste plutôt à laisser trois doigts sur le menton tandis que les autres sont repliés dessous au niveau du cou.
Chez les anglophones (Grande-Bretagne, Irlande et Nouvelle Zélande), il se présente sous la forme d’un « V » effectué avec l’index et le majeur.
En Afrique du Nord, il consiste à présenter sa paume de main vers l’interlocuteur en repliant le majeur vers ce dernier.
Fait intéressant, au Japon le doigt d’honneur n’est pas du tout une insulte. Dans la langue des signes nippone, il sert à désigner le frère, tout simplement, sans aucune mauvaise pensée derrière.